Le poids des normes a toujours été un phénomène important et connu de la plupart d’entre nous. Les sciences humaines ont montré depuis déjà plusieurs siècles que l’individu ne fonctionne jamais seulement par lui-même, et que d’une manière ou d’une autre, l’influence des normes, du groupe, de la société est très grande. Cependant, jusqu’à quel point une norme peut-elle avoir un impact ? Peut-elle continuer à en avoir un, même lorsque nous avons conscience de son existence ? Et comment vérifier l’influence des normes sur les différents choix et actions d’un individu ?
Contexte historique du poids des normes
La norme sociale, c’est-à-dire l’ensemble des règles de conduites et des manières d’agir, qu’elle soit explicite ou implicite, constitue autant un ciment qui assure une cohésion sociale nécessaire, qu’un fardeau constituant un frein à l’émancipation des esprits. Néanmoins, si le poids des normes n’est aujourd’hui plus à démontrer, il reste aujourd’hui pourtant encore difficile d’en prendre pleinement conscience et de s’en détacher.
La normalisation des comportements, la survalorisation des apparences instrumentalisent les individus et les obligent d’une certaine façon à devenir des « imposteurs ». L’imposture est un « mécanisme psychologique » et non une maladie. C’est une « fausse perception de la réalité qui diminue le bien-être et la qualité de vie des personnes ».
Par exemple, au travail, les managers se focalisent traditionnellement sur la mise en place de règles et procédures alignées aux objectifs de l’entreprise et veillent à leur respect. Qu’il s’agisse des managers ou des collaborateurs, ceux qui s’en tiennent strictement aux règles et les considèrent comme immuables sont incapables de les adapter ou de les briser, même si la situation l’exige. Le conformisme permanent et la crainte de sortir des sentiers battus peuvent d’ailleurs occasionner plus de mal que de bien à l’entreprise.
Attention, le conformisme peut être préjudiciable, car, s’il donne un sentiment d’appartenance et de sécurité, il peut aussi avoir une incidence négative comme la tendance à rester attaché à des modèles établis même quand surviennent de nouveaux besoins.
Sommes-nous tous réellement des imposteurs ?
Demander si nous sommes tous des imposteurs, c’est interroger notre légitimité à tous, notre crédibilité, nos décisions et intentions, quand nous exprimons un choix, une idée, une opinion, une vérité, un sentiment.
L’imposteur trompe son entourage. Il joue avec une ou plusieurs images pour parvenir à ses fins, il abuse d’une forme de crédulité. Ce n’est donc pas seulement la question de la sincérité qui est mise à mal, et ce serait donc réducteur de n’associer l’imposteur qu’à des considérations morales. En fait, c’est surtout la question de la légitimité qui est mise en exergue dans le qualificatif d’imposteur : quelle légitimité accorder à l’image de celui ou celle qui attend quelque chose de nous, que ce soit une action, un service rendu, ou tout simplement de l’écoute, de la considération, ou même de l’amour ?
L’imposteur est un virtuose de l’apparence et de l’apparat qui absorbe les discours d’autrui. La forme devient le fond et masque un vide profond. Il est le prototype de l’adaptation et de l’habileté sociale, le sujet idéal des façonneurs de comportements.
Peut-on éviter d’être un imposteur ? L’imposture limite la créativité et l’audace, elle met en danger les liens de confiance. Donc si l’on ne peut éviter d’être ponctuellement un imposteur, parfois sans le vouloir, on peut aussi vouloir déjouer les pièges de la facilité. Le plus sain est de reconnaître ce côté imposteur que l’on a tous en nous, et de regarder avec beaucoup de méfiance ceux qui ne veulent pas en entendre parler.
Quelques actions pour y remédier !
Il est primordial de prendre du recul quant aux normes, de questionner nos comportements, nos actions, d’apprendre à mieux faire la distinction entre l’inné et l’acquis, entre ce que nous sommes et ce qui nous a été inculqué. Le traitement principal consiste à retrouver une estime de soi et être réaliste sur sa propre valeur. Faire un bilan peut vous y aider.
Pour ne pas tomber dans le piège du conformisme ou du syndrome de l’imposture, il convient de :
- Faire le point : reconnaitre et accepter être une victime de l’imposture vous permettra de combattre ;
- Faire taire votre voix intérieure ;
- Vous détacher de la course à la performance ;
- Créer votre tableau personnel de réussites ;
- Prouver que vous n’êtes pas un imposteur ;
- Connaitre vos qualités et talents naturels pour mieux vous accepter ;
- Éviter la comparaison sociale ascendante
Et vous, quel est votre avis sur le sujet ? Sommes-nous tous inconsciemment des imposteurs ? Envie d’échanger sur cette thématique ?